Espérance de vie et retraite

Espérance de vie et retraite

Données et analyses extraites de la réunion du Conseil d’Orientation des Retraites du 11 février 2021.

Alors que les grands principes d’une réforme des retraites « vers un système plus simple et plus juste pour tous, basé sur un compte unique de points et un âge minimum de départ à la retraite maintenu à 62 ans » ont été fixés, il est intéressant de mettre ces principes au regard de l’espérance de vie.

L’espérance de vie : définition et utilité.

L’INSEE définit l’espérance de vie à la naissance comme la durée de vie moyenne d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité par âge de l’année considérée. Il existe plusieurs façons de comparer l’espérance de vie, entre les générations ou entre les pays. Parmi ces critères de comparaison possibles : l’espérance de vie à la naissance, à un âge donné (60 ou 65 ans) et l’espérance de vie en bonne santé.

Les chiffres relatifs à l’espérance de vie font partie des données clés dans les réflexions sur la réforme des retraites. Ils permettent de mieux comprendre les prévisions liées aux dépenses des régimes de retraite à venir et de comparer la durée passée à la retraite, selon la génération. L’espérance de vie est donc un indicateur utilisé dans le débat sur la réforme des retraites et la détermination de la rente de son épargne-retraite. L’espérance de vie permet notamment de structurer le dialogue entre un assureur et un assuré pour visualiser les prévisions de montant total de la rente versée, en fonction de son espérance de vie moyenne. Il s’agit ensuite de comparer ce montant par rapport à celui de ses cotisations et d’en déduire au bout de combien de temps l’affilié aura « récupéré » les sommes cotisées une fois à la retraite.

Evolution de l’espérance de vie en France.

Si l’espérance de vie continue globalement de progresser, cette croissance est toutefois moins rapide depuis 2013⁽¹⁾ : 0,7 an par décennie pour les femmes et 1 an par décennie pour les hommes (contre 1,5 an par décennie en moyenne de 1970 à 2013).

Ce tableau permet d’illustrer le rallongement effectif de l’espérance de vie par génération observée à différents moments de la vie. Ces données seront amendées pour tenir compte de la surmortalité liée à la crise sanitaire, qui s’est concentrée sur les personnes d’âge élevé. Cette surmortalité provoque une baisse de l’espérance de vie à tous les âges (espérance à la naissance, à 40 ans, à 60 ans, etc.). Cette baisse de l’espérance de vie se situe à -0,4 an pour les femmes et -0,5 an pour les hommes. À titre de comparaison, la baisse de l’espérance de vie était de -0,3 an pour les femmes et de -0,2 an pour les hommes en 2015 (forte grippe hivernale).

Les gains d’espérance de vie se concentrent aux âges élevés.

Alors que durant la seconde moitié du 20ème siècle, les gains d’espérance de vie étaient liés à la baisse de la mortalité infantile, il apparaît que depuis une vingtaine d’années, les progrès en termes d’espérance de vie concernent les âges plus élevés. Cette concentration de l’amélioration de l’espérance de vie aux grands âges s’explique notamment par les progrès médicaux dans le traitement des maladies cardio-vasculaires et des cancers.

Cela signifie que les individus pourraient passer plus de temps à la retraite puisque vivants plus longtemps sans revenu lié à l’activité (d’où la nécessité d’un dispositif d’épargne-retraite adapté).

L’espérance de vie en bonne santé en France.

En France, en 2019, l’espérance de vie, à la naissance, en bonne santé est de 64,6 ans pour les femmes et de 63,7 ans pour les hommes (une espérance légèrement supérieure à la moyenne européenne). Il convient de mettre ces chiffres en relation avec l’espérance de vie. Il est également intéressant d’observer l’espérance de vie, en bonne santé, à partir de 65 ans, ce qui permet de ne pas prendre en compte les personnes déjà atteintes par une forme d’incapacité avant cet âge. L’espérance de vie en bonne santé à partir de 65 ans est alors de 11,2 ans pour les femmes et de 10,1 ans pour les hommes.

Passer plus de temps à la retraite ne constitue pas une garantie de passer plus de temps en bonne santé à la retraite. Ainsi, un autre indicateur relatif à l’espérance de vie porte sur l’espérance de vie en bonne santé. Celle-ci se définit comme le nombre d’années, sans incapacité liée à l’état de santé, qu’une personne peut s’attendre à vivre à la naissance. Ces incapacités sont à envisager dans un sens large, comme l’incapacité d’effectuer des activités usuelles, élémentaires (manger, se laver…) ou les activités domestiques, professionnelles et sociales des adultes.

(1) Les raisons avancées sont notamment les épidémies de grippe saisonnière (de façon conjoncturelle) et le plafonnement des gains d’espérance de vie liés à la baisse de la mortalité infantile et aux progrès médicaux.

Consultez le podcast sur la retraite :